Identitea
Je suis le Seigneur berbère.
Le Voyageur d’Orient.
Celui qui trahit mais ne juge point.
Né des Baptisphères de Kaldesh.
Je suis le Spectateur
J’observe.
Il m’appartient d’écrire le film.
Vous n’êtes que vivants,
je suis le scribe indifférent de toute éternité,
le boute-en-plume serpent.
Je suis le Solitaire Noir.
Le Fou d’entre les grilles,
Le Delirium du Palimpseste,
Le Prétorien des Iles de Peste.
Je suis le Feyderen de Santa Venezia,
le Doge Rouge des doctes lagunes,
péripatéticien de l’ennui.
Je suis le Prince Panthère de Gandareyth,
En ses tertres éclatés pour après-minuit de règne,
aux ultra-violets de Bangkok et playmates putréfiées, arches de no way !
La Cité se réfugie sous les latitudes de son ignorance, de mes indolences.
Et se retrouvèrent enfin les Sept, en cette veillée de rois,
chevauchant leurs destriers fourbus d’iniquité.
Et je venais du Nord,
trentenaire doré et portais à mes flancs les armes d’absolution,
surgissant du non-rien pour me perdre dans l’anonymat de vos néons.
Et nous dûmes parler encore des songes étranges et palabrer au bord des feux,
s’extasier en lueurs de nuit. Manger et boire.
Parier sur l’au-delà. Conter aventures de couche et narrer chasses à courre.
S’évertuer à paraître humbles et nobles à la fois. Manger et boire encore.
Vanter montures dans nos bois et girofles et violettes à nos tables.
Dire ou avouer que nos territoires transitoires s’effacent,
dissipant la lente dissolution de nos cultes solaires en prismes lacunaires.
Les nouveaux maîtres commencent à construire de nouvelles choses.
Cela va de soi.
D’ailleurs on ne les nomme plus « maîtres » mais « Rénovateurs ».
Et depuis vingt et un siècles déjà, nous étions entre la Lame et le Couteau !
Préparés à notre Fin, à notre passage des trépassés… répétition, rejoue !
Et lentement, la pyramide sublunaire passe et repasse encore.
Une nuit d’orée de sable,
je m’ouvrirai la poitrine,
répandant le lourd, le trop lourd fardeau
de mon humanité qui se déshumanise.
Mais manquait ma Folie,
Ma Répurgatrice itinérante, ma partenaire saphique,
Toi qui me hantes, moi qui te guette,
Soleil noir de mes existences,
qui m’investit de son pouvoir, de son Argos.
Toi, ô Rêve-errance.
Et j’ai peur de venir à Toi, Christ Noir en ses yeux d’appel à l’aide.
Car
je ne suis surtout qu’un singe qui mange sa soupe
dans le carnage, le monstrueux carnage de vos débats de passage
et d’ixième réforme.
Haute Clairvoyance, dernier refuge.
C’est le soir des Morts de la Septième Humanité.
Et je suis leur Chroniqueur.
Se débattent scolopendres ébènes en leurs déchirures de blasphèmes,
en noces de chrysalides, en quelques ossuaires de démences,
La Lune Varech a lancé ses colporte-rires,
il est donc temps de rallier les Enfants-Songes…
Demander
à voir
la fin
de
toutes
choses.
©Esteban - Sabam A/A/15625
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