La Déesse Noire
Etranges terres par-delà lesquelles
ne planent guère plus que quelques
dieux désœuvrés et infirmes
Chroniques d’Outre-Mort,
Chroniques du temps jadis,
Chroniques du temps perdu,
Elles furent scellées sur Nous, les portes de Trébizonde !
Nous arrivâmes dans ces villes d’Ordre
où l’épée ne pouvait être portée
et où nous ne dormions que très peu.
En ces lieux où corruption et loi se font l’amour si décemment
En ces temples où colonnades et allées
se disputent les cirques de prière et de lumière
toujours plus élevés vers les cieux,
toujours plus élancés vers la voûte nuptiale
de l’Aurochs et du Buffle ;
toujours plus éloignés de Dieu.
Tout nous était interdit à l’exception du repentir.
Mon fou noir sur ton cheval blanc.
Et c’est l’Enfant en Nous qu’ils chasseront.
Loin, loin, ils fouilleront nos arrière-pays et diront
que je suis né de ton Crépuscule
quand des étoiles s’écrasaient en nos Ponants.
Ne resteront
Que tes anciens refuges,
Mon exil dans le sel de ta terre,
Mon errance dans le grain de ta peau,
Aux socles de basalte, empreintes de nos perditions,
Envolées de nos oiseaux-ramages
Et sous ces vents démesurés, ô fatale et damnée…
En tourbillons et maelströms, autres spirales échouées
parmi les banderoles blanches et fumantes de Coriolis,
la Déesse Noire, en sa somme de livrets de nos sables écoulés
et dans l’angle mort de ton regard bleuté,
nous apprendra comment refaire le monde.
©Esteban - Sabam/A/A/15625
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