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Cette pierre taillée dans un bloc de lave basaltique pèse approximativement 25 tonnes, fait un diamètre de 3,6 mètres et 1,20 mètre d’épaisseur.
Considérée comme un « calendrier aztèque » (ou comme pierre commémorative de la date sacrée gravée du 13 acatl – fête du Feu Nouveau de notre année 1479) ou un autel de sacrifices (cuauhxicalli), elle fut sculptée sous le règne du 6ème roi aztèque Axayácatl et fut placée sur la pyramide double (Teocali) de Tenocthtitlan et dédiée à Tlaloc, dieu de la pluie et à Huitzilopotchli, dieu de la guerre. La Pierre du Soleil fut renversée sur la place centrale après la conquête de 1521. L’Archevêque Alonso de Montúfar (1) (1489-1572, archevêque de Mexico du 5 octobre 1551 au 7 mars 1572) ordonna qu’elle soit enterrée.
La Pierre du Soleil a été mise au jour fortuitement le 17 décembre 1790 durant les travaux de pavement de la nouvelle cathédrale de la grand place de la capitale de la Nouvelle-Espagne, elle demeura dans la tour occidentale de la cathédrale jusqu’en 1885.
Elle est conservée et actuellement exposée au Museo Nacional de Antropología (MNA) de Mexico.
Voici la description de ses composantes gravées :
(La Pierre du Soleil au MNA. Auteur de la photographie : El Comandante)
La Pierre du Soleil est composée de 8 cercles concentriques :
1er cercle : Il contient le visage central du Soleil Tonatiuh et ses deux griffes fixées aux cieux. Symbole de vitalité, de sacrifice et de création de l’ère. Sur son front l’on découvre le signe Ome Actl qui définit le début du compte des années (Xiuhmolpilli) ou l’apparition du premier soleil du premier cycle de 52 ans. La langue tendue est un couteau d’obsidienne réclamant le sacrifice nécessaire à la continuation du cycle.
2ème cercle : Symbole du mouvement Ollin, il contient les glyphes symboles des quatre ères précédentes indiquant la manière dont les quatre mondes antérieurs (les quatre soleils) ont été détruits (par les Jaguars, le Vent, le Feu et l’Eau, symboles des Dieux Tezcatlipoca, Ehecatl, Chalchiuhtlicue et Tlaloc) pour mieux renaître comme l’indique la Légende des Soleils. Le monde présent est ainsi implicitement évoqué : Nahui Ollin Tonatiuh (la « cinquième ère »). Ce cercle symbolise les ères cosmogoniques.
3ème cercle : Ce cercle contient les 20 glyphes représentant les 20 jours du mois que l’on peut lire en commençant par la case gauche. Le calendrier « civil » comprend 18 mois de 20 jours chacun auxquels on rajoutait cinq jours (nemontemi). Ces 20 jours se combinent de 5 en 5, le 5ème étant consacré au marché (tianquiztli). Le calendrier « rituel » est quant à lui composé de 260 jours divisé en 20 treizaines. Le cycle complet est la combinaison des deux calendriers.
(insert à venir : les 20 jours du mois)
4ème cercle : Ce cercle représente les 260 jours du calendrier de l’année sacrée. Il est composé de 52 cases contenant chacune 5 points, chaque point représentant un jour (5 x 52 = 260).
5ème , 6ème et 7ème cercles : Ces cercles contiennent diverses symboliques liées aux planètes et aux liens entre elles.
8ème cercle : Deux serpents de feu (divisés en 13 segments-cieux) se rejoignent dans le dernier cercle extérieur qui enveloppe le tout, délimitant le Monde Visible. C’est le cercle de la Voie Lactée.
Au sommet de la Pierre, le symbole-naissance entre les queues des deux serpents indique la fête de célébration du Feu Nouveau de l’année 13 roseau (1479), commémoration d’un cycle de 52 ans. L’axe vertical est ainsi créé par les corps des reptiles, complétant l’axe horizontal représenté par les griffes du soleil dans le ciel. Ces axes symbolisent les 4 directions de l’espace orientées par les flèches du bouclier solaire doublés par le mouvement-lutte du Soleil (Tonatiuh) en Est-Ouest et de la Nuit (Xiutecutli) en Ouest-Est. Tout cela forme le huitième mouvement.
Je vous invite à découvrir la vidéo (en espagnol) de présentation de la Pierre du Soleil au MNA :
Site du Musée Anthropologique de Mexico (MNA)
(1) A propos de la biographie d'Alonso de Montúfar, on pourra consulter :
Ricard Robert. Notes sur la biographie de Fr. Alonso de Montúfar, second archevêque de Mexico (1551-1572). In: Bulletin Hispanique. Tome 27, N°3, 1925. pp. 242-246.